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DE JULIE

où je comptai exactement les quarts d’heure qui devaient m’amener celui où j’en devais ressortir. Ah ! que mes poupées me devinrent à charge ! je les révoquai dès ce moment pour m’en choisir dorénavant à ma fantaisie, et je me préparai sérieusement à ne rien laisser échapper de ce qui pourrait me satisfaire.

Le nom d’amant, que j’avais entendu fréquemment répéter, me vint à l’imagination, et me passa de là au cœur : je rougis de n’en point avoir ; je voulus en attendant essayer si ce doux nom, dans le pressant besoin où j’étais, siérait bien à un petit chat que nous avions au logis ; et pour me mettre en règle, je lui confiai sans façon les plus tendres sentiments, auxquels il ne répondait que par une multiplicité d’égratignures qui me mirent bientôt les mains tout en sang. Ma tante, qui jusqu’alors m’avait vue badiner comme on fait avec ces sortes d’animaux, ne fut jamais plus étonnée que de m’entendre, toute égratignée que j’étais, parler tendresse à son chat, que, sans me gêner, je caractérisais, suivant mon transport, du nom d’amant : elle en rit d’abord ; mais à la fin elle ne sut que penser de cette idée, aussi folle qu’extraordinaire, et me défendit cruellement tout commerce avec le doux objet de mes vœux, qu’elle congédia le plus durement du monde.