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DE JULIE


et me parut toute interdite. Ne pouvant plus ignorer son embarras, je crus faire des merveilles d’exagérer son bonheur ; mais la manière dont je m’y pris pour la rassurer acheva de la déconcerter ; elle ne douta plus d’avoir été surprise ; elle m’embrassa, me fit mille instances pour lui en dire davantage. Elle n’eut pas de peine à me faire jaser ; je lui avouai tout, jusqu’à l’extrême plaisir que j’avais pris à leur badinage. Soit que la façon dont je lui racontai la chose échauffât ses idées, soit qu’un goût particulier, de concert avec son tempérament, l’excitât à me caresser, je ne fus pas longtemps à m’apercevoir de ce qui se passait en elle. Ce petit tête-à-tête acheva de m’instruire, et la seconde leçon perfectionna bientôt l’ébauche de la première.

Je voudrais bien raconter la chose exactement et ne rien laisser ignorer du lecteur ; mais on est si ridicule dans le siècle ou nous sommes, qu’il faut donner tout à deviner : on n’a jamais tant châtié l’expression que depuis l’entière corruption des mœurs. Tout ce que je puis dire à la louange de nos plaisirs, c’est que nous nous amusâmes le plus joliment du monde.

Sophie faisait une fort aimable brune, dont la taille régulièrement prise, malgré l’embonpoint, répondait parfaitement à un de ces