et me parut toute interdite. Ne pouvant plus
ignorer son embarras, je crus faire des merveilles
d’exagérer son bonheur ; mais la manière
dont je m’y pris pour la rassurer acheva
de la déconcerter ; elle ne douta plus d’avoir
été surprise ; elle m’embrassa, me fit mille
instances pour lui en dire davantage. Elle n’eut
pas de peine à me faire jaser ; je lui avouai
tout, jusqu’à l’extrême plaisir que j’avais pris
à leur badinage. Soit que la façon dont je lui
racontai la chose échauffât ses idées, soit qu’un
goût particulier, de concert avec son tempérament,
l’excitât à me caresser, je ne fus pas
longtemps à m’apercevoir de ce qui se passait
en elle. Ce petit tête-à-tête acheva de m’instruire,
et la seconde leçon perfectionna bientôt
l’ébauche de la première.
Je voudrais bien raconter la chose exactement et ne rien laisser ignorer du lecteur ; mais on est si ridicule dans le siècle ou nous sommes, qu’il faut donner tout à deviner : on n’a jamais tant châtié l’expression que depuis l’entière corruption des mœurs. Tout ce que je puis dire à la louange de nos plaisirs, c’est que nous nous amusâmes le plus joliment du monde.
Sophie faisait une fort aimable brune, dont la taille régulièrement prise, malgré l’embonpoint, répondait parfaitement à un de ces