mier mouvement me porta à m’approcher de
lui ; mais comme je m’efforçais à le soulager, il
me porta, en jurant contre les Français, un coup
de couteau dans la cuisse, dont la douleur me
fit aussitôt lâcher prise. Ayant distingué le
bruit des gens qui accouraient, je ne doutai pas
que ce ne fussent quelques-uns de ceux qui veillent
à la sûreté publique, et réfléchissant au
danger que je courais si on me trouvait près
d’un homme qu’on aurait pu me soupçonner
d’avoir assassiné, je me retirai promptement, et
poursuivis mon chemin, malgré ma blessure :
mais la patrouille ayant doublé le pas, me joignit
bientôt. L’état où j’étais aurait confirmé de
bien moindres soupçons : on s’assura de moi,
et à la première confrontation, l’enragé me
chargea. Il avait effectivement été maltraité par
deux Français ; il lui fallait une victime de la
nation, et il me donna la préférence, après avoir
essayé de m’ôter la vie, en reconnaissance du
soin que j’avais voulu prendre de lui conserver
la sienne. De sorte que j’eus toutes les peines
du monde à sortir de cette affaire, après un an
de prison.
De Londres je m’embarquai pour Bayonne, où j’avais quelques affaires, et de là je passai à Madrid, où je trouvai mon ami dont la lettre m’avait causé tant de chagrins. On me procura