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LES ÉGAREMENTS


tais sensible à son attention ; et effectivement rien n’était plus galant. J’avais arrêté quelques jours auparavant un laquais et une cuisinière ; ainsi ma maison se trouva en peu de temps montée. J’aurais bien voulu y rester le jour même, mais il fallut retourner à l’hôtel Carignan pour mettre ordre à quelques affaires.

Je pris le lendemain possession de mon nouveau domicile ; M. Poupard y vint passer l’après-midi : nous soupâmes tête à tête, et il recueillit le fruit des soins qu’il s’était donnés pour assurer ses plaisirs. La conjoncture était favorable pour lui, j’avais le cœur libre et étais depuis longtemps réduite à une abstinence bien opposée à mon tempérament : aussi ne me parut-il pas si effroyable que dans le temps où j’étais entêtée de son neveu ; peu s’en fallut même que je ne le trouvasse embelli. Je remarquai cependant avec plaisir que depuis que je l’avais quitté il s’était, heureusement pour moi, mis dans le goût de surprendre son monde, ce qui me mettait à l’abri de ses baisers réitérés.

Le surlendemain de mon arrivée j’allai faire ma visite à madame Delêtre, c’était le nom de la dame qui tenait l’autre partie de la maison : il y avait bonne compagnie, et j’y fus reçue avec toute la politesse et l’affection qu’on témoigne à quelqu’un avec qui on veut se lier. J’y passai