mon goût ; et, en effet, prenant à la lettre les
nouvelles instructions qu’on me donnait, je me
trouvais plus effrayée que séduite par les leçons
de mon nouveau Mentor, au sujet duquel j’eus
bien lieu de me désabuser par la suite. La bonne
Château-Neuf n’était rien moins que sévère :
une longue expérience et un parfait usage du
monde lui avaient acquis une prudence admirable,
dont elle voulait me réserver les merveilleux
effets comme à sa pupille. Ses avis, dont je
ne connaissais pas encore la solidité, ne tendaient
qu’à me mettre à l’abri des subtilités auxquelles
sont exposées la jeunesse et la simplicité
dans une ville aussi généralement corrompue.
Nombre de fables surchargées me furent citées
comme des exemples dont la Daigremont avait
soin de s’épouvanter elle-même. Ce n’étaient
que filles enlevées, violences affreuses, inhumanités
épouvantables, suites irréparables de débauches,
infirmités honteuses, misère inévitable,
justice informée, sévérité des tribunaux,
clôture ignominieuse. On ne cessait
de me représenter le danger évident où
nous livrent les compagnies suspectes, la nécessité
de ne se conduire que par gens éclairés :
tous ces fâcheux accidents, me disait-on,
suite des plaisirs les plus innocents,
étaient d’autant moins faciles à éviter, qu’ils
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LES ÉGAREMENTS