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DE JULIE


n’avaient bien souvent que des commencements gracieux et attrayants : on me répétait continuellement, et avec raison, que la régularité des mœurs donnait seule le prix à la beauté ; qu’aujourd’hui l’on regardait l’un comme beaucoup plus rare que l’autre, et qu’on n’avait jamais fait tant de cas de la vertu que depuis l’accroissement du vice. On me citait adroitement les avantages considérables qu’avait souvent procurés une conduite régulière. Qui ne s’y fut trompé ? Je goûtai d’aussi bons conseils ; un mélange de crainte et d’estime mit un frein à la vivacité de mon tempérament : je me contraignis de bonne foi ; mais je ne fus pas longtemps la dupe de ma crédulité ; je m’aperçus bientôt qu’on avait des desseins sur moi, et que la sagesse qu’on me recommandait tant deviendrait conditionnelle, ainsi que je l’éprouvai par la suite. Treize mois entiers se passèrent sans qu’il m’arrivât rien de nouveau ; je m’ennuyais de compagnie avec mes deux vieilles, dont je recevais au reste toutes sortes de bons traitements ; mais j’étais peu satisfaite de me voir ignorée : plus j’allais en avant, et plus je ressentais l’absence de Sophie, à la compagnie de laquelle je n’avais encore pu substituer personne. Qu’on se lasse de soi-même ! je l’éprouvai bien. Depuis que j’étais sortie de … je n’étais plus