Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
DE JULIE


qu’on criât après moi, je ressentis autant de frayeur que j’en avais inspiré. J’eus cependant la présence d’esprit de refermer la porte très doucement, après m’être retirée ; mais à peine étais-je au bas de l’escalier que j’entendis crier à leur tour la Château-Neuf et ma tante. Quel nouvel embarras ! toutes deux éveillées par les premiers cris de leur voisine, avaient couru à la porte pour voir si elle était bien fermée, et l’ayant trouvée ouverte, elles ne doutèrent plus que le voleur ne fût dans l’appartement. Nouvelle confusion par conséquent, de laquelle je profitai pour regagner mon lit. On eut recours à la lumière ; on chercha, on ne trouva rien : on se recoucha et on se rendormit.

J’avais bien lieu de me féliciter d’avoir échappé à tant d’accidents : la joie que j’en ressentis, jointe à l’impatience de savoir le contenu de ma lettre, me fit constamment attendre le jour sans dormir, et dès la première lueur, je m’appliquai à la déchiffrer : il semblait qu’elle m’était devenue plus chère par les risques qu’elle m’avait fait courir. Avec quelle satisfaction n’y trouvai-je pas ce qui suit !

« Je puis donc enfin, ma chère Julie, vous jurer un amour éternel : oui, ce premier instant qu’il m’est permis de vous entretenir est celui que je choisis pour vous promettre une fidélité