Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
DE JULIE


et lui témoigna rudement le risque qu’il courait à l’honorer davantage de ses visites : celui-ci ne jugea pas à propos d’autoriser sa politesse à force ouverte, il convint de tout, malgré lui, et agit en conséquence.

Le tour adroit dont il se servit auprès de moi pour colorer la nécessité où il était de m’éviter, lui acquit encore plus mon estime et ma confiance : m’ayant fait tenir un billet, par lequel il me donnait avis du lieu où il m’attendait le lendemain, pour me communiquer quelque chose de conséquence, il m’engagea à m’y rendre. Je n’y manquai pas. Sieur Valérie, retenu pour l’après-midi par quelques-uns de ses amis, me laissa tout le loisir de céder à mon impatience. Je me fis conduire aux Chartrons, où m’attendait Bellegrade ; il me reçut avec autant de froideur que je lui témoignai d’empressement. Oui, dès ce moment je me livrai à mon inclination ; impatiente de savoir ce qu’il avait à me dire, je ne pouvais lui donner le temps de s’expliquer ; et comme je lui exagérais le prix de la démarche que je faisais pour lui, il me répondit froidement que la feinte était inutile en pareille occasion, qu’il était au fait de tout ; mais qu’il n’avait cependant pas voulu renoncer à me voir pour toute sa vie, sans du moins laisser à mes remords le soin de le venger du triste état où

  
7