Aller au contenu

Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
le supplice de la mouche

nous n’avons pas de lits, nous dit-il. Nous en sommes fort désolés.

Comprenant parfaitement bien les sentiments divers qui agitent les esprits de ces « Salinois », je m’efforce de le prendre sur un ton de franchise catégorique et à la fois très résolu, tant je suis décidé à ne pas quitter la place, coûte que coûte.

— Vous n’avez pas de lits ? Ce détail-là, dis-je, nous est, en vérité, fort, indifférent ! Nous sommes absolument éreintés et nous serons bien dans n’importe quel recoin. Vous savez, mon brave, il ne faut pas nous prendre pour des bandits de grand chemin. Nous en avons bien un peu l’air, mais nous n’avons que ça du brigand. Nous sommes deux vélocipédistes venus de Paris, pour nous rendre d’Oran jusqu’à Tunis, si faire se peut. Pas ordinaire, hein ? ça ! Nous ne connaissons pas vos routes d’Algérie et nous ne sommes nullement rassurés sur les façons nocturnes des Bédouins que nous pourrions rencontrer. Vous ne voulez pas, je suppose, nous faire coucher au milieu des