Aller au contenu

Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
orléansville — une soirée d’algérie

ration pour la petite machine n’en était-elle pas l’indice ?

Un pauvre diable de bédouin, rencontré au sortir d’Oued-Fodda, ne dut pas la bénir, la « petite reine » ; il était à cheval et conduisait en même temps un mulet par la bride. À la vue de nos machines, le mulet bondit avec une telle violence, qu’il fit se cabrer le cheval et que le bédouin, ahuri, lâcha les guides qui retenaient le mulet. Celui-ci, se sentant libre, bond par bond s’élança à travers champs.

Comme nous poursuivions notre route, le mulet poursuivait la sienne en sens diamétralement opposé à la direction suivie par son maître. Le pauvre Arabe, constatant la fuité de son mulet, se mit à pousser des hurlements déchirants, dont l’intensité prolongée nous arracha, bien que fort marris de l’aventure, des larmes de rire.

Jamais, à coup sûr, gorge de musulman ne vit passer en son travers une avalanche d’injures aussi continue et qui alla frapper des oreilles aussi peu faites pour les com-