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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/120

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à travers les cactus

pendre. On essaya bien de modérer notre allure ; mais le mulet avait vu sans doute le diable en personne sous la forme de nos bicyclettes, car nous avions beau ralentir notre marche, il courait comme si une troupe de tigres enragés s’était mise à sa poursuite. Et l’Arabe hurlait toujours ses litanies, là-bas, derrière nous ; on en percevait maintenant le son vague ; mais avec quelle virulence il devait les pousser, car, fort éloignés de lui, l’écho de ses imprécations nous arrivait encore.

Enfin, il a dû retrouver sa bête, cet adepte de l’Islam ; le mulet, en effet, après une course frénétique, se disant peut-être à la fin qu’il n’était pas dans la bonne voie, fit volte-face et, parcourant un vaste demi-cercle, revint sur ses pas.

Cette comédie devait se renouveler souvent, et, comme on le verra plus tard, faillit une fois tourner au tragique, quand une fortune inespérée nous eut donné, à notre passage à Alger, une triplette pour nous escorter dans les Hauts-Plateaux, jusqu’à Constantine.