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à travers les cactus

blai pour elles. Pendues comme des harengs au bout d’un croc, quelle position ! Elles en sont sorties sans trop de mal, pourtant.

À midi trente, perchés sur l’arrière du paquebot, tandis que les mouchoirs s’agitaient de part et d’autre, on se dégageait avec une lenteur extrême de l’inextricable amas de bateaux qui encombraient le port de la Joliette, puis… à toute vapeur, pour Alger.

C’était ma première traversée, ai-je dit, et la vérité me force à déclarer que la nature ne m’a pas doué d’un tempérament spécialement propre à affronter les fureurs d’Amphitrite. Aussi quelle satisfaction de voir les flots relativement calmes ! La Méditerranée est souvent très mauvaise, m’avait-on dit complaisamment. Les tempêtes s’y élèvent avec une impétuosité soudaine qui tient du prodige. Grand merci ! Voilà qui était fait pour me rassurer. Je pensais sans cesse à cette fâcheuse occurrence. Mais c’était le calme, le vrai calme.

La nuit arriva ; le calme augmenta encore. La brise légère tomba tout à fait. Ce fut une