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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/150

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à travers les cactus

vêtus à l’européenne jouaient aux cartes sur une table carrée. L’intérieur de la pièce : celui d’un petit café de campagne.

— Le propriétaire de l’établissement est-il là ? questionnai-je, en dévisageant les deux personnages qui, à ma vue, se dérangèrent avec la même rapidité que la statue du bon roi Henri IV quand quelque ivrogne égaré sur le Pont-Neuf vient l’inviter à « prendre un verre ».

— C’est moi, se décida pourtant à répondre l’un d’eux.

— Ah ! c’est vous ? eh bien ! pourriez-vous servir un déjeuner pour deux personnes ?

Ma nouvelle question ne parut pas faire sur cet étrange hôtelier une impression plus rapide que la première. Il était clair que la partie de cartes l’intéressait plus profondément que l’idée de servir deux déjeuners, et se décidant à répondre après une longue pose, il me dit :

— Il n’y a rien à cette heure-ci.

— À cette heure-ci ? Est-ce que par hasard vous avez l’habitude de vous restaurer