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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/185

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les gorges de palestro — les singes

cette excavation inondée, allant, courant, se poussant sous la chute d’eau.

Jamais régiment d’enfants rendus à la liberté après une longue détention, ne s’étaient livrés à une aussi délirante sarabande. C’était un va-et-vient continuel de chacun de ces étranges personnages. Ils ne se lassaient pas de se mouvoir, allant, venant, se poussant sous la douche naturelle. Vingt fois ils recommençaient la même opération. On eût dit que le feu dévorait leurs veines, tant ils semblaient affolés de joie dans cet enveloppement d’eau.

Nous restions là, nous, ahuris, médusés, à cette vue.

Et chacun de leurs gestes était accompagné d’un cri guttural prolongé, déchirant, sorte de cri de rage suraigu. Et cette danse simiesque ne cessait pas, et les cris redoublaient par instants.

Étaient-ce donc là les singes des gorges de Palestro ?

Non c’étaient des Arabes et des nègres. Les uns nus, les autres revêtus de vête-