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paris-marseille-alger

vers Alger, les brumes s’épaississent et c’est une nuée d’un noir d’encre qui, maintenant, couvre la cité blanche dont le panorama se dérobe aux regards des passagers massés sur la passerelle ou sur le pont.

Très vite, les cumulus couleur de suie, entassés et tranchant l’un sur l’autre, s’unifient sur l’horizon, comme fondus en une bande étroite au-dessus de la côte. Puis cette bande couleur de limaille s’agrandit, gagnant dans la masse noire. C’était la pluie qui commençait.

Maintenant, les cataractes tombaient sur Alger.

Derrière nous, le firmament bleu ; devant nous, un immense rideau cendré masquant le ciel et enveloppant la ville d’une brume liquide, zébrée d’éclairs.

L’Eugène-Pereire avait un peu ralenti son allure ; il avançait toujours, marchant vers l’orage. Soudain il entra dans la zone pluvieuse, et la cataracte commença.

Tout le monde se blottit sous les tentes ; mais la pluie violente, brutale, arrivait en