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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/36

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à travers les cactus

On continua à pérégriner. Albert Van Marke, dont les yeux, comme les miens du reste, s’écarquillaient sans cesse, se contenta d’annoncer gravement à sa cravate :

« Nous ne sommes pas en Algérie, nous sommes en Arabie ici. » Des Arabes en tas, toujours. Ils sont là grimpés les uns sur les autres, et malgré une chaleur de trente-cinq ou trente-huit degrés.

— Ah ! par ici, dit notre guide.

On le suivit. Maintenant la rue s’est encore rétrécie en s’escarpant.

C’est sale, mais d’une saleté de mauvais lieu ; des mèches de cheveux embroussaillés rodent dans des trous, sortes de dépotoirs nocturnes. Sur le devant des portes, des entassements de loques puantes.

Presque plus personne ici. Quelques types au regard louche, d’un orientalisme différant de celui d’Algérie ; puis, à l’encoignure des portes, ou sur le devant des maisons, presque au milieu de la ruelle, des femmes habillées à l’européenne. Leurs joues sont d’un mat tirant sur le jaune sale et leurs