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à travers les cactus

J’en suis aux trois quarts de mon déjeuner quand il apparaît, tranquille, souriant et satisfait, dans l’entre-bâillement de la porte.

— Allons ! Albert de mon cœur, ne te presse pas, tu sais, nous partons. Oh ! je n’ignore pas que la Belgique n’est jamais pressée.

Van Marke, toujours souriant, s’assoit en disant : « Je me lavais la figure. »

— Ah ! tu te lavais la figure ; mais je l’ai bien vu, ô sujet impassible et glacé du bon roi Léopold II ; oui, seulement nous allons partir, il est midi et demi. Allons ! ouste ! absorbe !

Si on s’imagine que mon objurgation produisit le moindre effet sur mon excellent compagnon Albert Van Marke, le meilleur garçon de la terre, du reste, ce serait mal connaître la pâte dont sont pétris les modernes descendants des bons bourgeois de Liège.

Il eut, je dois le reconnaitre, le temps d’envoyer au fond de son estomac tous les comestibles nécessaires à la réparation de