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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/89

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le supplice de la mouche

— Et la sécurité du chemin ? Tu sais ce qu’on nous a dit : « Le jour, rien à craindre des Arabes ; mais la nuit, la prudence exige que vous vous arrêtiez. » Avec ces farceurs-là, on ne sait jamais bien ce qui vous attend.

— Bah ! tu es armé, répondit l’obstiné petit Belge, puis la nuit est très claire. Ce serait de la malechance vraiment, sais-tu, d’être attaqué ici.

À vrai dire, je ne faisais d’objections que pour la forme, car j’étais disposé à céder. La lune allait briller, en effet ; la chaleur serait moindre, peut-être le vent qui à la fin nous heurtait de face allait-il tomber avec la nuit. On gagnerait une forte avance, c’était sûr. Toutefois, cinquante kilomètres, c’était beaucoup, et cela sans localité de quelque importance sur la route pour nous arrêter dans le cas d’une faiblesse subite.

Je cédai, mais non sans une assez vive inquiétude. Puis, je me rappelai une circonstance semblable, dans mon voyage en Espagne, durant la traversée des plaines de Castille. On voulut partir le soir, et on