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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/91

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le supplice de la mouche

Mais je ne sais trop quelle vague sensation parcourait tout mon être : contrairement à ce qui se passait toujours après un dîner confortable, où les forces reconstituées vous permettent de pédaler à l’aise malgré la fatigue antérieures, je ne pouvais avancer. Un engourdissement étrange m’avait saisi. D’où venait-il ?

La chaleur, il est vrai, était intense.

Plus de soleil, mais la plaine était semblable au four dont le brasier a été retiré, et qui reste chauffé à blanc. C’était un souffle de four à chaux. La nuit même, par le contraste, rendait cette sensation de chaleur plus pénible encore, le rayonnement de la grande lumière jouant, semble-t-il, le rôle de dérivatif.

Nous étions là, côte à côte, solitaires en cette immensité, et respirant du feu.

Mais cet embrasement de l’atmosphère expliquait-il mon état d’engourdissement total ? Jamais, après un copieux dîner, je n’avais fait de pareils efforts sur mes pédales. Qu’avais-je donc ?