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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/92

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à travers les cactus

Je me décidai à faire part à mon compagnon de ce fâcheux détail. Qu’y pouvait-il, le malheureux ! Anxieux sur les conséquences de mon affaissement dans une pareille solitude, il m’encouragea désespérément.

Le silence planait sur cette mer. Seul un murmure singulier, dominant même le bruit de nos roues sur le sol, attira mon attention.

C’était un sifflotement monotone dont je ne pus tout d’abord m’expliquer la cause : chant langoureux, prolongé, parfois très faible, comme une plainte douloureuse et profonde d’âme errante dans ce désert.

Je ne tardai pas à comprendre d’où provenait cet étrange murmure : c’était le vent du sud dont le souffle chantait dans les rayons de nos machines.

Et pourtant nous n’éprouvions pas l’impression d’un grand vent sur nos personnes, mais voici qui éclairait mon esprit sur mon insurmontable affaissement.

— Regarde, dis-je, à quel point les objets environnants, même quand ils jouent un rôle indirect dans nos impressions, influent sur