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Page:Perrot, Caillaud, Chambaut - Économies d’échelle et économies de gamme en production laitière.pdf/8

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1. 3. … porteur d’avantages économiques potentiels

Les avantages potentiels des systèmes de polyculture-élevage ne se limitent pas aux domaines agronomique et environnemental, certaines de ces spécificités agronomiques peuvent se traduire par des avantages économiques.

1.3.1. Valorisation économique des spécificités agronomiques

Comparés aux systèmes spécialisés en productions végétales, la possibilité d’utilisation des déjections animales afin de fertiliser les cultures dans les systèmes de polyculture élevage peut permettre de limiter le recours à la fertilisation minérale et les dépenses correspondantes, donc de réduire le coût de production des cultures de vente. De moindres effets sont attendus sur le coût de production du lait car les éleveurs, aussi bien que les polyculteurs-éleveurs, ont été encouragées à mieux prendre en compte et valoriser leurs déjections animales. Ainsi, concernant la fertilisation et la valorisation des déjections animales, la différence semble plutôt à rechercher entre les polyculteurs-éleveurs et les céréaliers qui ne disposent pas de cette ressource importante pour le maintien à moyen-long terme de la fertilité des sols (structure, comportement physique et hydrique, fonctionnement biologique). Ces aspects paraissent particulièrement importants dans les zones à sols superficiels, à fort risque d’érosion, ou à potentiel limité.

Outre les bienfaits agronomiques et les économies d’intrants procurées par la fertilisation organique, la gestion du système de culture précédemment décrit peut se traduire par des avantages économiques du fait d’une moindre utilisation de produits phytosanitaires. Enfin, les possibilités de fourniture d’alimentation et de litière aux animaux par la mobilisation des productions végétales (céréales, voire protéagineux) des exploitations de polyculture-élevage leur confèrent par ailleurs théoriquement des avantages par la limitation des achats d’alimentation animale et de paille, largement utilisée dans les bâtiments d’élevage français.

1.3.2. Gestion des risques et de la trésorerie : une meilleure résilience ?

Le caractère diversifié des productions dans les exploitations de polyculture-élevage par rapport à des exploitations spécialisées peut leur conférer certains avantages en termes de gestion des risques économiques. Les conséquences de la baisse du prix de la production d’un atelier peuvent être compensées par les gains de l’autre atelier, dans la mesure où ce dernier n’est pas affecté par la même variation de prix. Le moindre recours aux intrants (aliments pour animaux, produits phytosanitaires, engrais minéraux) peut aussi permettre une moindre sensibilité à une hausse de leurs cours. Les risques quant à une diminution du rendement dans l’une des deux productions (aléas climatiques) peuvent également être potentiellement com pensés par l’autre. Globalement, les exploitations de polyculture-élevage pourraient donc être plus résilientes que les exploitations spécialisées et bénéficier de plus de possibilités dans la gestion d’une trésorerie d’origine plus variée.

1.3.3. Partage des charges de mécanisation

L’utilisation de machines pour des productions complémentaires de produits A et B peut être à l’origine de gains très importants liés au concept de facteur de production

12 ■ Notes et études socio-économiques n° 37 — Janvier-Juin 2013