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Page:Perrot, Caillaud, Chambaut - Économies d’échelle et économies de gamme en production laitière.pdf/9

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« partageable » (sharable) au cœur des économies de gamme (Panzar et Willig, 1981). À la limite, les équipements nécessaires à la production du produit A sont gratuitement disponibles pour la production de B (définition d’un facteur de production quasi-public ou de « club »). C’est potentiellement ce qui pourrait se passer dans les exploitations laitières spécialisées frangaises d’aujourd’hui, les tracteurs actuellement présents dans ces explicitations pour assurer la production fourragère, la distribution, les épandages dans des conditions conformes aux exigences des éleveurs en termes de rapidité et conditions de travail, auraient souvent la capacité de réaliser de nombreux hectares de cultures. D’un autre côté, comparée à la céréaliculture spécialisée, la polyculture-élevage permet une utilisation beaucoup plus régulière au cours de l’année d’un parc de matériel.

1.3.4. Un meilleur emploi du facteur travail

Du fait de la rigidité de ce facteur (peu ajustable aux besoins de l’exploitation, notamment lorsqu’il s’agit de main-d’œuvre familiale, présente de toute façon sur l’exploitation), les systèmes combinant cultures et élevages peuvent conduire à une meilleure utilisation du facteur travail, en limitant par exemple les creux dans les calendriers de travail des travailleurs permanents (aussi bien pour le travail quotidien que pour les travaux de saison). Mais cela peut s’accompagner dans le même temps d’une « intensification du travail » par augmentation du temps de travail ou par la multiplication des taches 4 effectuer dans un temps limité (toutefois, ce volet ne sera pas approfondi dans cet article).

L’ensemble de ces avantages agronomiques, économiques et environnementaux, associés à l’idéal des systémes de polyculture-élevage peut, en d’autres termes, être analysé comme des effets de gamme générés par la combinaison des ateliers de production animales et végétales au sein d’une même entité, comparés à des entités qui seraient spécialisées dans l’une ou l’autre de ces productions. Si les effets d’échelle sont généralement associés à la spécialisation des systèmes, ceux-ci peuvent toutefois se combiner à des effets de gamme dans le cas d’exploitations de polyculture-élevage.

2. Analyse des coûts de production du lait dans les exploitations de plaine

L’existence d’économies de gamme en faveur des systèmes de polyculture-élevage laitier a été recherchée au niveau de la production laitière. La coexistence dans certaines exploitations de productions végétales importantes et de productions animales (lait et parfois viande) se traduit-elle par un niveau ou une structure différente pour le cout de production du lait ?

2.1. Calcul et analyse du coût de production du lait dans le RICA et les Réseaux d’élevage

Le calcul des coûts de production d’un produit donné d’une exploitation commercialisant différents produits n’est pas aisé. L’Institut de l’Élevage a développé une méthode de calcul du coût de production du lait qui soit applicable également aux exploitations


Notes et études socio-économiques n° 37-Janvier-Juin 2013 @ 13