Page:Perrot - La Grève de Pordic ou la Pordicane, 1872.djvu/8

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à Pordic, et cette paroisse était très-près de mon lieu natal, dont je tenais à me rapprocher ; je vins m’y établir. Mais je m’y trouvai vite sous le poids d’une véritable déception. Moi, à qui les journées avaient coutume de paraître très-courtes, par suite de mes occupations, je commençai au contraire à les trouver très-longues, et je compris que je devais me créer à moi-même une occupation.

Je venais souvent me promener sur le bord de la mer, en face de Binic. J’examinai minutieusement tous les aspects de cette petite baie, et il me sembla qu’il y avait là matière à une composition poétique, que je résolus d’entreprendre. À partir de ce moment je ne sortis plus sans avoir dans ma poche un crayon et un portefeuille, et c’est ainsi que je composai mes premières rimes, pour ainsi dire en marchant. Quand j’eus crayonné de la sorte quelque vingt à trente pages, je les lus à mes amis, qui y prirent goût et m’engagèrent vivement à continuer. Je pris alors le parti d’élargir mon cadre. Je quittai la baie de Binic et je prolongeai mes promenades tout le long de la côte de Pordic, jusques et y compris la baie du Rosaire ou des Rosaires, comme disent les gens du pays. J’étais là tout près de mon lieu natal, et c’est alors que je me suis livré aux bluettes de mon imagination, de ma-