Aller au contenu

Page:Pert - Charlette.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

exubérance. Les éclats de rire et les larmes qui se succédaient si rapidement chez elle naguère, cette mobilité extrême des sentiments et des sensations qui persistaient en elle après l'enfance avaient fait place à un calme étrange, à une concentration en elle-même tout opposée à sa nature, qui inquiétait et peinait Samela. Pour des yeux indifférents, elle eût paru simplement plus parisianisée, plus jeune fille. Pour l'affection de son ami, une telle mélancolie, quelque chose comme un ressort brisé, apparaissaient si visiblement en elle, et elle évitait avec un tel soin de prononcer le nom de sa mère, qu'il se demandait avec effroi si Charlette n'avait pas reçu quelque révélation, quelque lueur terrible du passé…

Dans la galerie où ils étaient entrés, Charlette s'orienta.

— Voyons, madame Lechâtelier m'a dit que je la trouverais dans le salon à gauche.

Chacune des vastes pièces au rez-de-chaussée du spacieux hôtel datant de Louis XIV était décorée de façon à rappeler la contrée où les différentes missions étaient établies. Le vestibule, occupant une partie de la façade, long de quatorze mètres, réservé aux missions septentrionales, continuait l'aspect du jardin, avec ses murs revêtus de branches de sapins saupoudrées de neige artificielle. À l'une des extrémités, un diorama montrait un paysage du Groënland où, au premier plan, dans une hutte de