Aller au contenu

Page:Pert - L Autel.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je compte uniquement sur toi pour la réussite de cette affaire.

Elle répondit avec un empressement heureux :

— Ne t’inquiète donc pas !

— Tu t’en es occupée ?

— Certes !… Qu’aurai-je donc fait tandis que j’étais toute seule, sinon penser à toi, essayer de te procurer toutes les joies que tu peux rêver ?

— Alors, ma nomination de chevalier de la Légion d’honneur est certaine ?… Je puis y compter ?…

— Je te l’affirme !

Il hocha la tête, satisfait.

— Allons, tu es une femme précieuse, il faut en con- venir.

Elle l’enlaça avec une nouvelle fureur :

— Je t’aime ! murmura-t-elle d’une voix étouffée par la passion et l’angoisse de ne point arriver à se dissimuler à elle-même que la gratitude était le seul lien qui lui attachât le jeune écrivain.

Il s’apprêtait à répondre avec le plus de chaleur possible à cet aveu brûlant, lorsque le bruit du timbre résonnant deux fois les fit tressaillir et se séparer.

— Quelqu’un est là ! fit Castély inquiet.

Madame de Mamers se dressa.

— Deux coups !… c’est le concierge. Que veut-il ? Il y a certainement quelque chose d’urgent ! Il faut voir…

Et, se jetant à bas de la couche, elle revêtit un peignoir hâtivement et gagna l’antichambre.

Pour conserver plus de liberté et éviter les espionnages dangereux, elle n’avait point de domestiques.

Robert, anxieux perçut au travers des portières tombées un cri étouffé, des chuchotement singuliers.

Puis, tout-à-coup, une voix s’éleva distincte. Une voix qu’il reconnut, éperdu… Suzanne ! Suzanne était là !…