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Page:Pert - L Autel.djvu/77

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sur leur compte. Si lors des douleurs, elle devenait peu maniable, ne craignez pas de lui parler avec autorité, même avec brutalité : il n’y a rien de meilleur pour détendre et apaiser les nerfs…

Une alarme montait en Castély.

— Les douleurs ?… Mais elle va donc souffrir ?…

Une impatience parut sur le visage de Dolle ; un sourire un peu dédaigneux passa sur les lèvres de mademoiselle Ouloff.

— Dame, fit-elle, c’est immanquable… Pas durant les premières heures, mais vers minuit, quand la dilatation commencera vraiment…

— Mon Dieu, mon Dieu ! balbutia Robert, démoralisé.

L’irritation de Julien Dolle se fit jour brusquement.

— Mon pauvre vieux, jamais je ne vous aurais cru si lâches que cela, toi et ta femme !… Elle souffrira !… Souffrira-t-elle ? Tu n’as que cela à la bouche !… Évidemment, elle souffrira un peu !… Est-ce qu’elle n’aurait pas autrement souffert pour accoucher !… Que diable, quand on a si peur pour sa peau, on se gare, et l’on ne fait pas d’enfant !…

Très pâle, Robert murmura :

— C’est vrai, après tout, c’est un enfant.

Et pour la première fois, en son esprit, le mot « avortement » se dépouilla du sens théorique, ampoulé, sous lequel il l’avait toujours aperçu.

Plus douce, Sacha expliquait :

— Vous comprenez, la dilatation interne que nous provoquons, cette nuit, dont nous avons besoin pour procéder au curetage, c’est la même qui s’effectuerait naturellement, lors du passage de l’enfant naissant.

Un cri rauque s’échappa de la gorge de Robert.

— Oh ! mon Dieu ! mais alors, ce sera atroce ! Je ne savais pas !… Pourquoi ne m’avez-vous pas dit ?