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Page:Pert - L Autel.djvu/78

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Julien jeta, colère :

— Tu es ridicule !… Ta femme sera-t-elle particulièrement à plaindre parce que, pendant quelques heures, elle souffrira la moitié moins que pour accoucher ?… Est-ce que toutes les femmes n’accouchent pas, et de nombreuses fois ?… Se jugent-elles martyres pour cela ? Ces arguments en imposèrent au jeune homme. Il dit pourtant, suppliant :

— Est-ce qu’on ne pourrait pas lui épargner ? N’y a-t-il pas un procédé d’anesthésie ?

— Non, répondit Dolle brièvement. Il est nécessaire que ce travail se fasse en laissant la femme dans son état normal… Mais ne t’effraie pas d’avance, je ne suis pas de l’avis de Sacha, et je crois que Suzanne ne ressentira que très peu de douleurs. L’autre jour, j’avais une cliente qui m’a assuré qu’elle craignait beaucoup plus une colique ordinaire, et cependant, chez elle, la dilatation était parfaite.

Robert se rassurait. Néanmoins, une invincible détresse l’étreignait en songeant qu’il allait rester seul auprès de Suzanne, si embarrassé auprès de sa souffrance possible, si ignorant des moyens de conduire, d’atténuer le drame commencé, inévitable désormais.

— Tu t’en vas, Julien ?

Une fébrilité gagnait le docteur. Visiblement, il songeait au rendez-vous d’où dépendait son avenir.

— Oui ! se hâta-t-il de répondre. Je devrais même être parti depuis longtemps. Mais si par impossible tu avais besoin de moi, jusqu’à une heure du matin, tu sais où me trouver… Plus tard, je serai chez moi.

Pris d’une idée soudaine, Robert s’adressa à Sacha :

— Mademoiselle, soyez bonne ! Restez !… Je vais vous dresser un lit dans le salon.

Mademoiselle Ouloff le regarda avec étonnement.