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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/127

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Mais Deber s’était levé, offrant poliment une chaise à Mlle Armande, qui restait debout, silencieuse et décontenancée.

— Merci, monsieur, fit-elle avec reconnaissance.

Laumière l’avait saluée d’un signe de tête familier. Sans se lever, il aidait la fillette à retirer sa pelisse.

— Tu dois étouffer là-dessous ?

— Du tout, j’ai froid… Jacques, je suis un pauvre petit oiseau tout glacé…

Le jeune homme rit.

— Une tasse de thé te réchauffera.

Et il commanda au nègre qui approchait :

— Deux thés et sandwiches de foies gras.

Cady fit la grimace.

— Je suis écœurée de thé et de chocolat… Demande-moi un cocktail.

— Tu es folle ! D’ailleurs, tu sais bien que l’on ne sert cela qu’en haut au fumoir.

Elle se leva.

— Eh bien, viens… On redescendra après. Oh ! si, je veux aller là-haut… cela pue, cela sent exquis, le tabac, l’alcool, la poudre de riz, le nègre et le vieux chien, qui dort sous le comptoir du gérant !… J’adore cela !

Jacques se leva.

— Allons, cinq minutes seulement.

Mlle Armande s’interposa d’un air contrarié.

— Je vous en prie, monsieur, ne lui faites rien boire.

— Soyez tranquille, son cocktail sera anodin.

La fillette le pinça, lui glissant tout bas, d’une voix ardente :

— Il sera ce que je voudrai ! Est-ce que tu sauras me refuser quelque chose, par hasard, toi ! Et puis, au fond, tu adores me griser.

Une gêne pesait sur Maurice Deber et Mlle Lavernière, restés seuls. Le jeune fonctionnaire leva les yeux sur l’institutrice.