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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/156

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Il examinait de nouveau les entours avec appréhension :

— Où est votre amie ?

— C’est mon institutrice, pas mon amie. Ne vous tourmentez pas, elle est assise là-bas et ne bougera pas.

Il ramena les yeux sur elle, avec une autre inquiétude :

— Écoutez, fit-il, contrarié, c’est de la folie !… Vous êtes une enfant… Quel âge avez-vous ?

Cady posa la main sur sa main à lui, désignant un banc à l’abri des grandes fougères arborescentes, qui dressaient leur dentelle d’un vert intense dans l’air humide et tiède, au milieu de la paix extraordinaire de ce lieu clos, à la lumière tamisée d’aquarium.

— Venez là un instant, dit-elle à voix basse, câline. Vous pouvez bien perdre cinq minutes à causer avec moi, quand même je ne serais qu’un baby.

Avec une singulière angoisse, elle sentait qu’elle perdait l’influence fugitivement acquise sur cet inconnu, et elle voulait impérieusement le reconquérir, passionnée à ce jeu de félin qui est l’essence même de la femme…

Il céda avec un malaise. Cette étrange petite créature l’attirait invinciblement, et, néanmoins, son âme simple de snob pas du tout pervers lui suggérait des révoltes.

— Mon garçon, tu t’embarques dans une aventure idiote, pensait-il, perplexe.

Assise, gardant la main du jeune homme dans la sienne comme pour l’empêcher de fuir, Cady l’interrogeait, ses yeux le scrutant profondément.

— Qu’est-ce que vous êtes ?… Officier, je parie ?…

— En effet… Et vous ?

Elle repartit gouailleuse :

— Dame, il y a des chances pour que je ne sois pas militaire, moi !…

— Vos parents ?…