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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/157

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Elle mentit effrontément :

— Je suis la fille de Mme X…

Elle nomma une personnalité parisienne très connue : théâtreuse et demi-mondaine.

Le jeune homme la regarda avec étonnement :

— Comment, elle a une fille ?… Et de votre âge ?… C’est impossible !…

Cady comprit qu’il n’était pas assez informé pour qu’elle ne pût risquer le petit roman soudain surgi dans sa cervelle.

— Probable, qu’elle a une fille, puisque je vous dis que c’est moi !… Elle ne me sort guère… Je ne la rajeunis pas… bien que je ne paraisse guère mon âge… Dix-sept ans, la prochaine fois…

Il hocha la tête, acceptant la fable. Après tout, bien que fluette, cette enfant avait des yeux et des allures de jeune fille sinon de femme !…

L’idée de son état social l’enhardit.

Il retira sa main prisonnière des doigts de Cady, et se mit en devoir d’allumer sa cigarette.

— Ah ! ah ! vous êtes Mlle X…

Cady, choquée de cette désinvolture, fit tomber allumette et cigarette, d’une chiquenaude adroitement appliquée.

— On ne fume pas ici, monsieur Maurice !… Et puis, ce n’est pas poli, vous savez !…

Il s’inclina avec un respect ironique :

— Toutes mes excuses, mademoiselle Charlotte… Je ne vous aurais pas cru si susceptible !…

Elle rougit, dépitée par le ton goguenard de son interlocuteur.

— Brute, imbécile, lourdaud ! pensa-t-elle rageusement… Attends, je vais te faire marcher !…

Et, possédée du besoin de se venger en excitant, chez son partenaire, des désirs qui devaient être frustrés, elle velouta son regard et sa voix, comédienne accomplie, se rapprochant du jeune homme d’un mouvement onduleux.