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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/178

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— Te gêne pas !

Mais elle n’insista pas, comprenant qu’il fallait payer la complaisance de Maria.

Une heure plus tard, l’auto de Mlle de Montigny filait à grande allure sur la route de Maisons-Laffite, à travers le bois d’aspect hivernal, mais que venait égayer un radieux rayon de soleil.

Blottis sur le devant de la voiture, à côté du chauffeur, les deux enfants se serraient l’un contre l’autre, entortillés dans une couverture de fourrure, ravis, un peu ivres de vitesse, de vent froid et de bonnes senteurs pénétrantes émanant de la forêt. Seuls, leurs yeux brillants et un peu de leur nez rosé par l’air vif apparaissaient entre la fourrure, la toque de castor et le bonnet de tricot blanc enfoncés sur leur front.

Leur babil, leurs rires frais et joyeux éveillaient un vague sourire sur les lèvres d’Emile, qui les écoutait sans les regarder, le masque immobile, attentif à sa direction.

Un passe-montagne, une pelisse, des gants de fourrure en faisaient une masse quasi-animale, surmontée d’un visage franc et gai, de type très français, avec son nez droit, ses yeux gris, son teint clair un peu rougi par la continuelle exposition à l’air de ses moustaches blondes. Il dédaignait l’usage des lunettes, prétendant avec une certaine coquetterie que ses cils roux, longs et drus, suffisaient à préserver ses yeux du vent.

Dans l’intérieur de la voiture, Paulette, la femme de chambre, se prélassait seule, revêtue des plus riches atours de sa patronne, la demi-mondaine : splendide pelisse de loutre garnie de skungs sur une merveilleuse robe de velours souple géranium brodée de cabochons de rubis et de vieil or.

Précisément, Georges expliquait la raison de cette tenue inusitée à Cady abasourdie.

— Maman l’a permis… C’est elle qui prête ses