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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/202

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Maurice Deber, qui écoutait en buvant son café, sourit :

— Rien que cela, miss Cady !… Vous avez de l’ambition !…

Mme Darquet se leva avec ennui.

— Si nous faisions un bridge dans votre cabinet, mon ami ?

Cyprien acquiesça avec empressement.

— Excellente idée !… Venez-vous, Deber ?

Le jeune homme se récusa :

— Je vous avoue que je n’y entends rien… Et, si vous le permettez, je resterai à écouter Mlle Cady.

Quant à Laumière, il eut un geste d’effroi simulé :

— Un bridge !… Vous ne voulez pas ma mort, chère madame ? D’ailleurs, vous voyez comme je suis agréablement occupé.

Dînant chaque quinzaine chez les Darquet, le jeune peintre, très curieux de littérature et de publications nouvelles, fouillait en toute liberté dans le tas de volumes, de revues, de brochures que le député recevait, sans jamais y jeter un coup d’œil. Laumière passait sa soirée à parcourir ce butin et faisait son choix, qu’il emportait ensuite.

C’était chose convenue ; aussi n’insista-t-on point pour le distraire, et la partie s’organisa entre les maîtres de la maison et les deux secrétaires.

Soulagée par la fuite de son auditoire, Cady ouvrit le piano et l’essaya en sourdine.

— Quel sabot ! fit-elle avec une grimace.

Deber s’était installé près d’elle, dans un fauteuil.

Allons, miss Cady, décidez-vous, fit-il en souriant avec indulgence. Je suppose que je ne vous intimide pas ?

— Oh ! mon Dieu, non ! répondit-elle en riant.

Et elle attaqua très doucement le morceau choisi.

C’était une pièce d’une sentimentalité passablement vulgaire, mais Cady la jouait avec une simpli-