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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/203

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cité, une discrétion qui en faisaient une chose vraiment charmante.

Deber écoutait, surpris et séduit, les yeux attachés sur le visage de la pianiste qui, dans l’immobilité et l’application, reprenait toute la juvénilité, fuyant parfois cette physionomie de petite Parisienne précoce.

Quand elle s’arrêta et se détourna lentement, il dit malgré lui :

— Qui vous a appris à jouer ce morceau de cette façon ?

Elle secoua la tête.

— Personne.

Il l’examinait curieusement.

— Comment, à votre âge, savez-vous lui donner cette expression ?

Le rire de Cady fusa.

— Oh ! ça, je ne sais pas !… Je fais les notes, voilà tout !…

Il l’étudiait intensément, de plus en plus intéressé.

— Non, non, murmura-t-il. La musique, ce n’est pas simplement « faire les notes ».

Et, presque durement :

— À quoi songez-vous quand vous jouez ?

La fillette lui lança un regard énigmatique.

— Moi ?… À rien… Je vis dans la musique, c’est bien assez.

Il répéta, frappé :

— « Je vis dans la musique. » Savez-vous que c’est très profond ce que vous venez de dire là, petite fille !…

Mais Cady, préoccupée, ne l’écoutait plus.

— Papa, est-ce bien ?

La voix indifférente de Cyprien traversa le salon.

— Très bien, mignonne… Tu auras ton joujou. Dès demain, tu viendras le choisir avec moi.

À ces mots consacrant définitivement une joie dont elle avait toujours douté, Cady, fauchée par