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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/64

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Mais Maria se releva agilement, jetant le peignoir sur les épaules de l’institutrice.

— Et après ? s’écria-t-elle en riant. Ne vous esbrouffez pas, allez !… Il y a longtemps que Cady sait comment Julienne est faite, et qu’elle a rigolé dans les temps !…

Mlle Armande la considérant avec étonnement, elle pouffa et expliqua :

— Julienne, c’est une manière de surnom qu’on a donné à Madame entre nous, pour pas qu’on nous pige des fois à bavarder sur elle… et Monsieur, c’est l’Enflé…

Mlle Armande hocha la tête.

— Ah ! bien.

Cady enfilait sa chemise, dansant et chantant d’une voix langoureuse et ironique :

Julienne, Julienne, que tu me fais de peine !

— Voulez-vous bien vous taire et être plus respectueuse ! intima l’institutrice pour la forme.

Après de courtes hésitations, Mlle Armande avait prit le parti de faire résolument cause commune avec les domestiques contre les patrons, et de tolérer toutes les excentricités de Cady. La tâche de réduire un pareil petit diable paraissait trop rude à son indolence ; d’ailleurs, comment la soustraire à l’influence de son entourage ?… Enfin, sa courte entrevue avec Mme Darquet lui avait laissé un ferment de haine, un désir de vengeance qu’elle était enchantée d’assouvir sournoisement, par de quotidiennes trahisons cachées sous un mensonge impudent et une correction imperturbable.

Cependant, une forte émotion l’étreignit quelques heures plus tard, lorsqu’elle pénétra dans la salle à manger pour la première fois, afin d’y déjeuner avec ses patrons et son élève.

Cyprien Darquet s’y trouvait déjà, debout, cau-