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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/75

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je vous dis tout de suite : n’ayez aucune crainte… L’impunité vous est assurée, comme à nous toutes gardiennes de ces malfaisants troupeaux qu’il nous faut bien laisser brouter à tort et à travers… Non seulement les enfants sont forcément nos complices et nos défenseurs, mais les mères ne se soucient guère de la vérité et l’ignorent toujours… veulent toujours l’ignorer !… pour avoir la paix, pour être libres, pour n’avoir ni à combattre, ni à se tracasser, ni à se reprocher leur veulerie, leur égoïsme, leur sottise, leur lâcheté à remplir leurs devoirs de mères !…

— Ah ! que vous avez raison, et que vous les connaissez bien ! s’écria Armande avec un élan de haine. Si vous l’entendiez, ma patronne !… dégoulinant ses grandes phrases : « J’exige que vous préserviez ma fille de tout contact vulgaire. Elle n’aura aucune familiarité avec les domestiques… Elle sera ignorante de tout jusqu’à son mariage… » Miséricorde, il faut voir le phénomène dont il s’agit ! Une enfant qui parle un argot de voleur !… Qui en remonterait à une sage-femme… et qu’on trouve cachée dans tous les coins avec un voyou de valet de chambre ! Une enfant qui leur est plus inconnue que si elle était au Thibet.

Mme Garnier l’apaisa du geste.

— Chut ! ne parlez pas si haut, vous nous feriez remarquer. Et puis, quoi, c’est la vie !…

— Alors, chez vous, c’est pareil ! questionna Mlle Armande curieusement.

— On ne saurait guère comparer Mme Serveroy à Mme Darquet. Cependant en ce qui touche la question des enfants, aux résultats obtenus, c’est identique.

— Mme Serveroy est la sœur de M. Cyprien Darquet, n’est-ce pas ?

— Oui… elle avait épousé un riche fabricant de pâtes alimentaires qui a eu la discrétion de mourir après seulement quatre ans d’union.

— Mme Serveroy ne s’est pas remariée ?