Page:Petit - De la vipère et des moyens de remédier à sa morsure.djvu/22

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Pour qu’un venin agisse, il faut qu’il se trouve en contact avec une plaie ou une surface dénudée. Toutes les parties du corps ne transmettent pas également l’influence du poison. Quand le produit léthifère est déposé sur le cerveau, les nerfs, la dure-mère, il ne donne lieu qu’à des symptômes peu appréciables, quelquefois nuls. Introduit au contraire par la peau dépouillée d’épiderme ou par le tissu cellulaire, il agit avec une extrême promptitude. Les mamelles, le ventre, le poitrail sont les régions les plus susceptibles de présenter les phénomènes les plus graves.

L’effet du venin appartenant à une espèce de serpent varie en intensité avec l’âge, la taille, le climat, la température, la saison et la quantité du produit toxique. Il sera d’autant plus dangereux que l’ophidien sera plus âgé ; il le sera plus dans les climats chauds que dans les climats tempérés, pendant l’été que pendant l’hiver. Il faut aussi le dire, la piqûre sera plus à redouter le matin que dans l’après-midi, et elle sera peut-être inoffensive, si le serpent vient de verser son produit délétère. Voici des expériences qu’on a faites à ce sujet. On a fait piquer successivement et coup sur coup plusieurs animaux par un serpent : le premier mourait très promptement ; le deuxième éprouvait des accidents fort graves et ne tardait pas à mourir ; enfin, le dernier n’en ressentait aucun désavantage. C’est probablement à ces diverses particularités, jointes à la quantité peu considérable de venin sécrété par la vipère, qu’il faut attribuer la fréquence de guérison de ces sortes de morsures.

L’influence des venins ne s’exerce pas seulement sur les êtres du règne animal, mais il est encore prouvé expérimentalement qu’elle atteint et frappe de mort pour quelque temps, le végétal qui en a été inoculé ; si la dose est en quantité suffisante, il meurt pour toujours.