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secret dans l’Europe. Un de ses biographes dit plus brutalement que ces journaux sont semés d’anecdotes dont la plupart sont fausses et hasardées. « Elle ramassait, ajoute-t-il, les sottises de la province et on les prenait dans les pays étrangers pour les nouvelles de la Cour. Elle écrivait avec plus de facilité que de délicatesse. Son style est diffus et ses plaisanteries pas toujours de bon goût. »

Elle en cite fréquemment, dans ses Lettres, des vers de genre varié : madrigaux, énigmes, sonnets, adresses aux princes et aux princesses. Ils témoignent d’une facilité presque regrettable, allant souvent jusqu’à la platitude de l’expression et du sentiment.

La Bibliothèque de l’Arsenal possède plusieurs années de La Quintessence, depuis 1712 jusqu’à 1727 ; la Nationale n’a que celle de 1721. Ce journal, format infolio, justifiait son titre par de brefs comptes rendus des événements publics dans diverses Cours, des anecdotes plus galantes que morales, des annonces de mariages, naissances, morts, intéressant les familles illustres, des vers et même de la musique sur une seule clé et sans accompagnement, selon l’usage du temps.

Son œuvre renferme donc surtout deux ouvrages : les Lettres et les Mémoires. Ces derniers ne sont pas moins intéressants, n’en déplaise au critique Bernard, car elle savait les embellir au besoin. Les mauvais ménages sont de tous les temps. Celui de Socrate est le premier qui soit venu à notre connaissance ; encore n’est-il pas bien sûr que Xantippe n’ait eu d’excellentes raisons de jeter un pot d’eau sale à la tête de son époux. La vérité sur les difficultés conjugales de M. et Mme  du Noyer est aussi peu facile à discerner, la différence de religion n’étant peut-être qu’un prétexte, et d’autres motifs pouvant avoir été cause du second séjour en Hol-