Page:Petit - Memoires et Lettres galantes de madame Du Noyer.djvu/13

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lande. Quoi qu’il en soit, au lien que les Mémoires viennent à la suite des Lettres, ayant été écrits après, nous commencerons par eux, en les parcourant simultanément. Il nous a paru piquant de mettre en regard la manière contradictoire dont chacun donne sa version sur le même sujet. Le lecteur se fera ainsi une opinion sur l’un et sur l’autre et jugera lequel des deux il doit croire.

Toutefois, il y a dans l’édition de 1790 une lacune importante. Les Mémoires de Mme  du Noyer remplissent cinq volumes dans les précédentes et deux seulement dans la dernière. Ils s’arrêtent à son deuxième voyage en Angleterre, alors qu’il y en eut trois, et pour une mère à qui ses filles paraissent si chères qu’elle les loue en maints endroits d’une façon presque excessive, on est surpris de la voir muette sur le chapitre de leur mariage. On sait à peine qui est ce Constantin, mari de l’aînée, vu seulement au travers des Mémoires de sa femme, et encore moins ce Winterfeldt qui épousa la cadette, et dont il n’est question que dans les Mémoires du père. Dans les Lettres, Mme  du Noyer cite celles de Voltaire à Pimpette[1], en les mettant au compte d’une amie ; elle parle de Cavalier uniquement au point de vue de sa vie publique, sans dire qu’elle le connaît personnellement, ni faire aucune allusion à sa conduite vis-à-vis de sa fille et d’elle-même. Pourtant, le second volume des Mémoires de 1790 paraît bien être le dernier de tout l’ouvrage, car il est suivi d’une sorte de sommaire pour tout ce qui y est renfermé.

Il semble donc que ce dernier éditeur n’aurait pas eu connaissance d’éditions antérieures plus complètes, ou qu’il a jugé suffisants les aperçus donnés sur ces

  1. Voir Amours d’Hommes de Lettres, par E. Faguet.