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Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/305

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ROMANS ÉPIQUES

accuse de lâcheté, il donne à l’armée le signal du départ. Comme dans la Thébaïde latine, les Grecs, souffrant cruellement de la soif, sont sauvés par Hypsipyle (Ysiphile), qui les conduit à la source de Langie, non sans avoir demandé des garanties pour sa sûreté à Adraste, qui la confie à Capanée, à Polynice et à Tydée. Pendant qu’Hypsipyle raconte aux chefs grecs comment, les femmes de Lemnos (Lemne) ayant mis à mort le roi son père avec tous les hommes de l’île, elle s’est réfugiée auprès du roi de ce pays, Lycurgue, qui lui a confié la garde de son fils, un serpent monstrueux perce l’enfant de son aiguillon. Elle accourt à ses cris et le trouve mort. Cependant Capanée, Tydée et Polynice, qui l’ont suivie, essaient en vain de percer le monstre de leurs traits, qui glissent sur sa peau épaisse. Capanée ne peut en venir à bout qu’en le clouant sur le sol avec un jeune chêne qu’il a arraché et aiguisé par un bout. Les Grecs, en signe de joie, se livrent à plusieurs jeux, en particulier au jeu de la palestre. À la prière d’Hypsipyle, ils se dirigent vers la ville, où ils obtiennent, non sans peine, sa grâce du roi ; mais au bout de trois jours, ils se remettent en marche, en apprenant que les Thébains songent à leur disputer les passages.

Le lendemain, ils arrivent devant le château de Monflor, que défendent mille chevaliers commandés par Méléagès, cousin d’Étéocle et de Polynice. Ce dernier engage son parent à lui livrer la place, mais les chevaliers, consultés, s’y opposent, et Polynice, découragé, propose de passer outre, ce qui excite l’indignation de Tydée. Description de la tente d’Adraste. Après un premier assaut infructueux, le château est pris, grâce au stratagème classique d’une fuite simulée, dont le succès est assuré par le soin qu’on prend de faire savoir pendant la nuit aux assiégés qu’ils recevront le lendemain un secours d’Étéocle. Pendant que les gens de Monflor sont occupés à piller le camp abandonné, Polynice, embusqué dans un bois d’oliviers, en sort brusquement et occupe le château. Les Grecs reviennent et ont facilement raison de leurs ennemis, qu’ils font presque tous prisonniers.

À la vue de la nombreuse armée qui vient de dresser ses tentes sous les murs de la ville, les Thébains sont vivement émus. Étéocle ferme lui-même les portes, de peur des traîtres. La nuit suivante, il convoque ses amis et leur demande s’il doit