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L’ÉPOPÉE ANTIQUE

résister par les armes ou tenter un accommodement. Atys (Aton), le jeune fiancé d’Ismène, s’indigne en entendant le roi parler ainsi ; mais le vieil Oton réprime la fougue imprudente du bachelier et conseille au roi de céder à son frère la moitié du royaume, à condition qu’il le reconnaîtra pour suzerain. Étéocle résiste à ses sages conseils et aux supplications de sa mère : cependant, devant le mécontentement des barons, il se résigne à envoyer un messager au camp. Oton, que tout le monde désigne, refuse, et les autres à sa suite, et Jocaste est obligée de déclarer qu’elle ira elle-même.

Le lendemain, elle part avec ses deux filles, Antigone (Antigoné) et Ismène, toutes trois richement parées. À leur rencontre viennent trois chevaliers grecs, dont l’un, Parthénopée (Partonopeus), roi d’Arcadie, tombe amoureux d’Antigone et obtient d’elle un demi-aveu qu’encourage sa mère. Il amène les princesses à la tente d’Adraste, qui est décrite ici une seconde fois. Jocaste est bien reçue par Polynice et par les chefs grecs ; mais Tydée et Capanée font échouer toute tentative d’accommodement. Sur ces entrefaites, le meurtre d’une tigresse apprivoisée amène une mêlée générale, où se distingue Adraste à la tête des vieillards : les Thébains sont refoulés dans la ville. Amphiaraüs, après avoir combattu vaillamment sur son char merveilleux, avait été englouti dans la terre subitement entr’ouverte. En apprenant cette nouvelle, les Grecs reviennent à leurs tentes et passent la nuit dans la tristesse, tandis que les Thébains se réjouissent et les insultent. Le lendemain, sur le conseil du comte d’Amicles, on décide de ne pas lever le siège, comme le voulait le duc de Mycènes, mais de donner à Amphiaraüs un successeur, qui fera un sacrifice expiatoire. Un vieux « poète » mendiant les exhorte à reconnaître la main de Dieu qui les châtie pour leurs péchés. Il propose de nommer l’un des deux disciples d’Amphiaraüs, Thiodamas ou Mélampus ; mais ce dernier est trop vieux et trop fatigué. Thiodamas est donc élu : il commande trois jours de jeûne ; puis les Grecs vont, pieds nus et en chemise, prier autour du gouffre, qui se referme tout à coup. Pleins de joie, ils s’en retournent et se disposent à reprendre la lutte.

Ici se place l’énumération des portes de Thèbes et l’indication