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décadence

voit remonter sur la flotte, et gagner sans danger sa capitale : trompé par des guides du pays, il aima mieux faire sa retraite par terre, dans l’espoir de forcer quelques places avant d’arriver à Constantinople.

Il s’engagea donc avec une armée déjà découragée dans les montagnes et les défilés de l’Albanie. La marche étoit d’autant plus pénible que Théodore le harceloit sans cesse. Tous les soldats qui s’écartoient étoient massacrés par les habitans : il étoit presque impossible de se procurer des vivres : enfin l’armée, réduite à la dernière extrémité, demandoit à grands cris une bataille dont le résultat, quel qu’il fût, devoit la tirer de l’horrible situation où son chef l’avoit mise. L’Empereur, dans cette unique occasion, se montra digne du commandement : il répondit aux vœux de ses soldats, et fit, en habile capitaine, tous ses efforts pour obtenir un combat général qui probablement l’auroit sauvé. Mais l’adroit Théodore parvint à l’éviter : il vouloit que l’armée française se consumât elle-même dans ce pays qui avoit été tant de fois le théâtre de ses victoires.

Tout espoir étant perdu, le légat essaya d’ouvrir une négociation avec le prince grec. Théodore parut s’y prêter : après de longues conférences, pendant lesquelles les maux de l’armée s’augmentoient, il fut convenu que l’Empereur pourroit traverser le pays, pourvu que ses troupes ne causassent aucun dégât. Cette trève étant conclue, et les Français n’élevant aucun doute sur la bonne foi du despote, les chefs se rapprochèrent, et parurent s’entendre parfaitement sur les dispositions à prendre pour l’exécution du traité. Quelques jours après, le prince grec invita