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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

comble de désastres, un peuple barbare, venu à ce qu’on croit de la Perse, et poussé par les successeurs de Gengiskan, s’étoit précipité sur la Palestine, que n’avoit pu défendre le sultan d’Égypte. Les Corasmins s’étoient emparé de Jérusalem, avoient passé au fil de l’épée une multitude de Chrétiens et de Musulmans, et venoient d’être presque exterminés par le sultan de Damas.

Le vendredi 12 juin 1248, Louis, accompagné de ses frères Robert comte d’Artois, et Charles comte d’Anjou, se rendit à Saint-Denis. Le cardinal de Châteauroux déploya l’oriflamme, et donna au Roi le bourdon et la pannetière, attributs des pèlerins. Alphonse comte de Poitiers ne devoit partir que l’année suivante : jusque-là il étoit chargé d’aider la reine Blanche dans le gouvernement du royaume. La reine Marguerite avoit déclaré qu’elle vouloit suivre son époux. Le cortège traversa Paris, et fut conduit par les processions jusqu’à l’abbaye de Saint-Antoine, où Louis devoit se séparer de sa mère, et lui donner ses dernières instructions.

Blanche, dont le caractère étoit si ferme dans tout ce qui n’intéressoit pas son amour maternel, qui ne s’étoit jamais séparée de son fils, qui avoit préservé son enfance de tant de dangers, ne pouvoit s’habituer à l’idée de son départ. Son esprit paroissoit frappé du pressentiment qu’elle ne le reverroit plus. Pour gagner un jour, elle le suivit dans la commanderie de Saint-Jean, près de Corbeil, où il devoit s’arrêter. Là fut réuni le Parlement qui auroit dû se tenir dans l’abbaye de Saint-Antoine : la régence fut solennellement