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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS


Le sultan de Damas, soit par perfidie, soit par admiration des vertus de Louis, offrit de lui laisser faire le pèlerinage de Jérusalem. C’étoit là le plus grand désir du Roi, et presque l’unique but de ses longs travaux. Il en fut détourné, non par la crainte d’une trahison, mais par l’idée qu’il ne convenoit pas à un prince de son rang d’aller, désarmé, visiter les saints lieux : il pensa que, d’après son exemple, tous les rois qui viendroient en Palestine, croiroient avoir assez fait, en allant à Jérusalem avec l’autorisation des Sarrasins, et sans les combattre. Mais s’il ne vit point Jérusalem, il visita presque tous les autres lieux célèbres par les mystères de notre religion. Il alla au Mont-Thabor, à Cana, à Nazareth. Lorsqu’il aperçut cette dernière ville, il descendit de cheval, et se mit à genoux ; ensuite, quoiqu’il fut accablé de fatigue, il se rendit à pied dans ce lieu qui fut le berceau de Jésus-Christ, et y communia de la main du légat. Jamais, dit son confesseur. Dieu n’avoit été adoré avec tant de ferveur, depuis que le mystère de l’Incarnation avoit été accompli à Nazareth.

Les sinistres pressentimens de la reine Blanche se réalisèrent à la fin de l’année 1252. Attaquée à Melun d’une maladie grave, elle expira le 1er décembre, faisant des vœux pour son fils et pour la France. Elle avoit, comme on le verra, maintenu la paix dans le royaume, et réprimé tous les troubles que l’absence du Roi avoit causés. La nouvelle de la captivité de Louis lui avoit porté le coup mortel.

Le Roi étoit à Jaffa, lorsque le légat fut instruit de cette mort : les comtes de Poitiers et d’Anjou l’avoient chargé d’y préparer leur frère. Le cardinal