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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

crainte qu’il ne s’exposât une seconde fois dans un voyage d’outre-mer. Il n’avoit point quitté la croix ; et ce signe, qui frappoit leurs regards toutes les lois qu’il se montroit en public, répandoit quelque nuage sur le bonheur dont il les faisoit jouir.

Les loisirs qu’il déroboit au soin des pauvres étoient employés à des occupations dignes d’un grand roi. Il avoit entendu dire en Syrie qu’un sultan faisoit recueillir les livres nécessaires aux Musulmans, et qu’il en formoit une bibliothèque ouverte à tous les savans. Voulant imiter ce noble exemple, il fit transcrire tous les manuscrits qui se trouvoient dans les monastères, et fit ranger ces précieux exemplaires dans une salle voisine de la Sainte-Chapelle. Il alloit souvent travailler dans cette bibliothèque, au milieu des personnes que l’amour de l’étude y attiroit ; et quand il s’y trouvoit des hommes peu instruits, il leur expliquoit lui-même les plus beaux passages des Pères de l’Église. Le soin de cette bibliothèque étoit confié à Vincent de Beauvais, Frère prêcheur, lecteur du Roi, et chargé de l’éducation des enfans de Fiance.

Henri III, comme je l’ai dit, étoit venu en Guyenne pour appaiser une révolte, et n’avoit pas obtenu de la reine Blanche la permission de passer par la France pour s’y rendre. Le calme étant rétabli dans cette province, il fit la même demande au Roi, qui, ayant réparé tous les maux causés par son absence, et ne craignant plus aucune faction, déclara qu’il verroit avec plaisir le roi d’Angleterre.

Le voyage de ce prince donna lieu, sur sa route, à plusieurs fêtes brillantes : il vint à Paris et fut logé au Temple. Les fêtes recommencèrent, et la reine Mar-