Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
TABLEAU

guerite la satisfaction de se voir réunie à ses sœurs, dont la première étoit l’épouse du roi d’Angleterre, la seconde de Richard, frère de ce prince, et la troisième de Charles d’Anjou. Dans un dîner, Louis voulut mettre Henri entre lui et le jeune roi de Navarre ; Henri refusa cette place d’honneur : « Vous êtes mon Seigneur, dit-il au roi de France, et le serez toujours. » Ensuite Louis, à la prière du roi d’Angleterre, eut des conférences avec lui. Il le fit venir dans son palais, et l’y retint à coucher : « Il est juste, lui dit-il, avec cette grâce qui le caractérisoit, il est juste que je sois le maître chez moi : je veux cette nuit vous avoir en mon pouvoir. » Henri profita de l’extrême bonté et de la conscience scrupuleuse de Louis pour réclamer la Normandie enlevée à Jean-Sans-Terre par Philippe-Auguste. Ses raisons frappèrent le Roi, et l’auroient peut-être déterminé à sacrifier à la justice les intérêts de son royaume, si ses ministres et les barons ne lui eussent prouvé que la confiscation faite par son aïeul sur Jean-Sans-Terre, en punition de l’assassinat du jeune Arthur, étoit conforme aux lois, et aux règles de la plus étroite équité. Henri partit pour l’Angleterre, sans abandonner l’espérance d’obtenir ce qui venoit de lui être refusé.

À la suite de ces fêtes, le Roi maria Isabelle, sa fille la plus chérie, avec le jeune Thibaut, roi de Navarre. Le père de ce prince, que nous avons vu tenir une conduite si bizarre dans le commencement de ce règne, étoit mort en 1253, une année avant la reine Blanche. Louis affectionna son gendre, le traita comme son fils, et prit soin de lui inspirer les vertus qui convenoient à son rang. Peu de temps après, il