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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

traita du mariage de Louis, son fils aîné, avec Bérengère, fille d’Alphonse X, roi de Castille. Il fut convenu que cette union seroit faite lorsque les deux jeunes fiancés auroient atteint quelques années de plus.

Ce fut alors que le saint Roi, croyant avoir établi sa famille, et assuré la tranquillité de son royaume, eut le désir de se consacrer entièrement à Dieu. L’affection particulière qu’il avoit pour les Frères Prêcheurs, le faisoit pencher pour cette règle sévère. Avant de se déterminer, il assembla sa famille, et lui communiqua ses desseins. La reine Marguerite fit les derniers efforts pour le détourner de cette résolution : elle lui fit observer que ses enfans en bas âge avoient besoin d’être dirigés par lui, que les troubles de la France se ranimeroient sous un jeune prince inexpérimenté, et qu’enfin la volonté de Dieu l’ayant placé sur le trône, son devoir étoit d’y rester. Les instances de son épouse, celles de ses frères et de Louis, son fils, lui firent abandonner ses projets de retraite. Il n’en reprit qu’avec plus d’ardeur ses devoirs de Roi.

Il se trouvoit à Paris quelques personnes qui tournoient en ridicule son excessive piété. Une femme nommée Sarette s’approcha de lui un jour qu’il tenoit ses plaids du palais : « Fi, fi, lui dit-elle, devriez-vous être roi de France ? il eût mieux valu que tout autre que vous occupât le trône : vous n’êtes le roi que des Frères Prêcheurs, des Frères Mineurs, des prêtres et des clercs. » Les gardes, révoltés de l’insolence de cette femme, vouloient la maltraiter. « Certes, « répondit le Roi en souriant, elle dit vrai : je conviens que je ne suis pas digne d’être roi : il eût mieux valu