Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
TABLEAU

qu’un autre que moi le fût : mais puisque Dieu m’a appelé à régner, je dois obéir à ses décrets, et remplir sur la terre la mission qu’il m’a confiée. » Sarette se retira frappée de la bonté et de la modestie de saint Louis, et le repentir qu’elle éprouva la punit mieux que si le Roi eût souffert qu’on la traduisît en justice.

Depuis le commencement de son règne, Louis avoit fait tous ses efforts pour abolir les guerres particulières. À son retour de la croisade, il avoit ordonné qu’aucun seigneur offensé ne songeât à se venger avant d’avoir laissé passer quarante jours, ce qui fit donner à cette ordonnance le nom de Quarantaine du Roi. En 1257, il en rendit une autre, datée de Corbeil, par laquelle il abolit entièrement ces sortes de guerres, et charge ses sénéchaux de punir tous ceux qui voudroient se faire justice par les armes. Tel étoit le respect qu’il inspiroit, que cette ordonnance, si contraire à l’esprit du temps, fut exécutée tant qu’il vécut. L’année suivante, il fit un traité avec Jacques, roi d’Arragon, dont la famille avoit depuis long-temps des prétentions sur des villes et des territoires dépendans du comté de Toulouse : il lui céda ses droits sur les comtés de Barcelone et de Roussillon, et Jacques renonça à ses prétentions sur Carcassonne, Béziers et le Lauragais.

Une négociation bien plus importante fut terminée en 1259. Henri III réclamoit toujours la Normandie : il cherchoit, en faisant agir des ecclésiastiques, à jeter des alarmes dans la conscience du Roi, seul moyen d’obtenir de lui quelques concessions. Louis consentit, de son plein gré, à donner des dédommagemens qu’il