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NOTICE.

Louis de la prendre à sa solde. Ses propositions furent acceptées ; il entra au service de ce prince, dont il gagna bientôt les bonnes grâces par sa gaîté, sa franchise et son courage.

Cette union, qui nous rappelle, sous plus d’un rapport, celle de Henri IV et de Sully, différoit cependant en ce que c’étoit Joinville qui paroissoit doué de cet enjouement plein d’agrément et de liberté avec lequel nous aimons à nous représenter le Béarnais, et que Louis montroit, au contraire, cette gravité et cette sagesse profonde qui caractérisoient le ministre de Henri. Il s’établit entre le Roi et Joinville une familiarité dont celui-ci n’abusa jamais : il savoit revêtir les avis les plus sérieux des formes les plus piquantes ; et ses saillies, aussi naïves qu’innocentes, étoient la plus douce distraction d’un prince que sa piété ne sauvoit pas toujours de la mélancolie. Il étoit bien vu de la reine Marguerite, dont l’esprit avoit des rapports avec le sien ; et la position qu’avoit prise un homme de ce caractère dans la Cour de saint Louis, forme la partie la plus curieuse et la plus singulière de ses Mémoires.

Joinville, dans cet ouvrage, n’a omis aucune circonstance de ses aventures personnelles pendant cette croisade malheureuse. Nous ne répéterons pas des récits auxquels le caractère de l’auteur donne tant de charmes. Nous nous bornerons seulement à remarquer qu’aucun chevalier ne montra plus d’intrépidité dans les dangers, plus de générosité dans les victoires, plus de patience dans les revers. Il savoit égayer par des mots piquans, les situations les plus désespérées,