Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/220

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point, et que les attendions pié quoy, et eux de tourner le dos, et de s’en fuir arriere.

A la main destre arriva la gallée de l’enseigne saint Denis, à bien une portée d’arbaleste de nous. Et advint que, si comme elle fut à terre, ung Sarrazin s’en vint courant contre les gens d’icelle gallée. Or ne sçay pourquoy il le faisoit, ou qu’il ne peust son cheval arrester, ou bien cuidoit-il avoir secours de ses gens. Mais le pouvre fut tantoust tout découppé et mis en pieces.

Quant le bon roy saint Loys sceut que l’enseigne saint Denis fut arrivée à terre, il sortit de son vessel, qui ja estoit prés de la rive, et n’eut pas loisir que le vesseau où il estoit fust à terre : ains se gette, outre le gré du légat[1] qui estoit avecques lui, en la mer, et fut en eauë jusques aux espaulles. Et s’en alla à eulx l’escu au coul, son heaume[2] en la teste, et son glaive ou poing. Et quant il fut à sa gent, il congneut les Sarrazins de leur cousté, et demanda quelz gens c’estoient. Et on lui dist que c’estoient Turcs et Sarrazins. Et il cuide prandre courre sur eulx tout seullet pour leur courir sus. Mais ses gens le firent arrester et demourer jusques à ce que tous ses gens d’armes fussent en leurs places, et tous armez.

Tantost envoierent les Sarrazins vers le Souldan par leur messager, qui estoit appelle Coullon, lui mandans que le Roy estoit arrivé, et par trois foiz le lui manderent. Mais onques response n’en eurent, par ce que le Souldan estoit malade. Et ce voians

  1. Du légat : c’étoit Odon, évêque de Tusculum.
  2. Heaume : casque à visière.