Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
301
de saint loys.

croix en terre ; et seingnoit tout son corps du signe de la croix. Et disoient les Sarrazins, que si leur Mahommet leur eust autant lessé souffrir de meschief comme Dieu avoit lesse endurer au Roy, que jamés ilz ne l’eussent adoré, ne creu en lui. Tantoust aprés que entre le Roy et les admiraulx furent faites, accordées et jurées les convencions d’entr’eulx, il fut appointé que le landemain de la feste de l’Ascencion nostre Seigneur, Damiete seroit rendue aux admiraulx, et que le corps du Roy, et de tous nous autres prisonniers serions délivrez. Et furent encrées noz quatre gallées devant le pont de Damiete. Et là fist-on tendre au Roy ung pavillon pour soy descendre.

Quant vint le jour environ l’eure du souleil levant, messire Geffroy de Sergines alla en la ville de Damiete pour la faire rendre aux admiraulx. Et tantoust sur les murailles de là ville furent mises les armes du Souldan. Et entrèrent les chevaliers sarrazins dedans ladite ville, et commancèrent à boire des vins qu’ilz y trouverent, tellement qu’ilz s’en yvrerent beaucoup en y eut. Et entre autres en vint ung en nostre gallée qui tira son espée toute sanglante, et nous disoit qu’il avoit tué six de noz gens, qui estoit une chose villaine à dire à ung chevalier, ne à autre. Et saichez que la Royne, avant que rendre Damiete, fut retirée en noz nefz avecques tous noz gens, fors les povres malades, que les Sarrazins devoient garder, et les rendre au Roy en leur baillant deux cens mil livres, dont dessus est faite mencion. Et ainsi l’avoient juré et promis les Sarrazins. Et semblablement lui dévoient rendre ses engins, les chars sallées dont ilz ne mengeoient point, et leurs bastons et harnois.